Entre espoir et doutes

L’Impact de Montréal, qui amorce sa saison demain à Vancouver contre les Whitecaps, aura un visage complètement différent de celui qui a terminé la dernière saison au neuvième rang dans l’Est. À quoi pouvons-nous nous attendre cette année? Si certains éléments laissent entrevoir un avenir meilleur, d’autres suscitent l’inquiétude à plus court terme.

Un nouvel entraîneur et un nouveau système

Le plus gros changement de l’entre-saison est certes l’arrivée de Rémi Garde et de son staff technique. Sans rien enlever à Mauro Biello ou à ses prédécesseurs, le Français amène un bagage d’expérience et une crédibilité internationale que l’équipe n’a jamais connus.

En ce sens les attentes seront très élevées, mais il faut faire attention à ne pas arrêter notre jugement trop rapidement. Il faut du temps pour bien implanter un système de jeu, particulièrement avec la grande quantité de nouveaux joueurs que compte le bleu-blanc-noir.

Mais, à terme, un bon système bien compris par les joueurs et une bonne chimie sur le terrain peuvent mener une équipe vers le sommet. Un groupe qui défend bien et avec acharnement peut mieux réussir qu’un groupe dépendant un défenseur vedette.

Les prochains mois, et surtout les prochaines années, nous diront si Rémi Garde peut recréer un système comme celui qui lui a donné tant de succès à Lyon ou réussir à s’inspirer d’exemples plus près de nous comme le Crew de Gregg Berhalter ou le Sporting Kansas de Peter Vermes qui se maintiennent continuellement dans les meilleures équipes du circuit.

Des joueurs en meilleure forme ?

Au cours du camp d’entraînement, le personnel technique et plus particulièrement le préparateur physique Robert Duverne ont mis l’accent sur l’endurance et la forme physique. Ça peut paraître anodin, mais si l’exercice a réellement été fructueux, il pourrait bien faire la différence entre une participation aux séries et une saison ratée.

Combien de fois au cours des dernières années a-t-on vu le bleu-blanc-noir échapper des points en fin de rencontre en raison d’erreurs de concentration. Une équipe plus en forme est moins sujette à de telles erreurs et pourrait même réussir à aller arracher quelques points à ses adversaires dans les derniers instants d’un match.

Une nouvelle identité

On a souvent reproché à l’Impact de ne pas avoir d’identité, de trop miser sur des pré-retraités italiens ou de recruter un peu n’importe qui. Avec le mouvement de personnel qu’on a vu cet hiver, on peut dire que cette période est révolue. L’équipe a résolument pris un virage jeunesse et canadien.

À mon avis, c’est une approche fort intéressante qui permettra aux partisans de s’identifier davantage aux joueurs, mais aussi de créer un groupe plus unis et une identité plus cohérente. En plus des meilleurs jeunes joueurs du Québec qui passent par son académie, l’Impact pourrait devenir une destination de choix pour les meilleurs espoirs et les joueurs établis du reste du pays.

Rémi Garde, reconnu pour ses talents de formateur, aura à sa disposition des jeunes affamés qui sont habitués de travailler ensemble dans le programme de l’équipe nationale. C’est à lui de les faire progresser et, si quelques-uns d’entre eux réussissent à s’imposer comme des joueurs importants de l’équipe aux côtés des vedettes établies, ce sera encourageant pour la suite des choses. Les Samuel Piette, Raheem Edwards, Michael Petrasso et James Pantemis, pour ne nommer que ceux-là, ont certainement ce potentiel à court ou moyen terme.

À l’entraînement Edwards et Petrasso ont d’ailleurs déjà démontré une belle complicité sur le flanc droit alors que Piette s’établit comme un des leaders de l’équipe malgré ses 23 ans.

Des nouveaux venus à suivre

En plus des jeunes Canadiens, Rémi Garde aura aussi sous la main quelques recrues très intéressantes. Le premier qui vient à l’esprit est bien sûr l’international algérien Saphir Taïder. À 26 ans, il arrive à Montréal alors qu’il entre dans les meilleures années de sa carrière. Il prend la place de Blerim Džemaili comme joueur désigné, mais sur le terrain il devrait davantage être le successeur de Patrice Bernier comme en fait fois le numéro 8 qu’on verra dans son dos. Taïder est un joueur extrêmement talentueux et fougueux qui devrait animer le milieu montréalais pour de nombreuses années. Et à court terme, la complicité naissante qu’on a vue au camp d’entraînement avec Nacho Piatti est prometteuse.

Le jeune Chilien Jeisson Vargas, âgé d’à peine 20 ans, est particulièrement intrigant. Considéré il y a quelques années comme un des meilleurs espoirs sud-américains, il a vu sa progression ralentie par des frasques à l’extérieur du terrain. Rémi Garde à un véritable joyau à l’état brut avec ce joueur et s’il réussit à le polir et à le garder concentré sur le terrain, les partisans du bleu-blanc-noir pourraient en avoir plein la vue.

En défense, il faudra patienter avant de voir Zakaria Diallo à l’œuvre, le Français s’étant blessé à la veille du début de la saison. La présence physique qu’il devait apporter en défense centrale sera dure à remplacer. Pourra-t-il avoir un impact en fin de saison? L’international finlandais Jukka Raitala de son côté sera une option intéressante du côté gauche et devrait dépanner en défense centrale. Sans être une signature spectaculaire, il devrait s’avérer être un joueur efficace qui fera le travail attendu de lui.

Un manque de profondeur

La blessure de Diallo souligne à grands traits la principale lacune de cet Impact version 2018, le manque de profondeur. Victor Cabrera est, en ce moment, le seul défenseur central en santé de l’équipe. Raitala, à court terme, et peut-être Chris Duvall seront appelés à jouer dans ce secteur.

On voit la même situation à plusieurs autres postes où une blessure à un joueur-clé pourrait être catastrophique.

Certes, on aurait aimé voir un recrutement plus complet, Rémi Garde probablement plus que quiconque, mais on peut aussi se réjouir du fait que l’équipe n’aille pas chercher n’importe qui pour remplir des maillots comme elle semblait le faire à certains moments par le passé.

La fenêtre de transfert estivale sera un autre moment propice pour aller chercher du renfort et il ne faudrait pas se lier les mains avec des joueurs dont on ne veut pas vraiment d’ici là. Une transaction avec une autre équipe pour un joueur qui cadre bien avec l’équipe pourrait aussi être une bonne avenue.

Un début de saison difficile à prévoir

Avec cinq de ses six premiers matchs sur la route et son seul match à domicile de cette séquence contre le Toronto FC, l’Impact a un début de saison particulièrement difficile.

Avec la chimie à créer, la minceur en défense et le recrutement qui ne sera vraisemblablement pas compléter avant l’été, le printemps sera vraisemblablement délicat. Il ne faut pas s’attendre à un gros début de saison, mais autant pour la confiance des joueurs que celle des partisans, il faudra quand même créer un environnement encourageant. Sans s’attendre à trop de victoires, il faudra au moins voir une équipe qui joue bien et qui met l’effort, qui montre des qualités qui inspirent confiance pour l’avenir.

Pour aspirer aux séries, le bleu-blanc-noir devra rester pas trop loin au classement pour être en mesure de remonter la pente tout au long de la saison.

À quoi s’attendre ?

L’Impact était littéralement une des pires équipes de la ligue l’an dernier. Dans ces circonstances, on ne peut probablement pas s’attendre à un championnat. Mais si l’équipe joue bien, progresse, fait un bon recrutement à l’été, elle peut certainement être au cœur de la course aux séries et y participer. Bref, on a affaires à une équipe de milieu de peloton, jeune, en reconstruction, qui doit offrir du bon soccer, un bel effort et poser les bases pour l’avenir.

De votre côté qu’attendez-vous de la saison de l’Impact ? Fera-t-il les séries ? À quel rang terminera-t-il au classement ?

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